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Jim Morrison est «Vivant»

ART CONTEMPORAIN À ART BASEL, UNE ŒUVRE IMPOSANTE CONSACRÉE AU CHANTEUR DES DOORS ET MOULÉE À VÉZELISE



                    «Room 4», de Tom Burr, installation à Art Basel. Une oeuvre à un million d'euros? Photo DR


« Personne ne sortira d’ici vivant ». Phrase mythique, tirée de la chanson « Five to one » (1968), reprise également pour la meilleure biographie consacrée à Jim Morrison (2007). « Vivant », il l’est, pourtant, le leader des Doors retrouvé mort à Paris la nuit du 3 juillet 1971. Vivant à travers son héritage musical et poétique, à travers les succédanés de chanteurs rock qui s’en inspirent, à travers sa tombe au Père-Lachaise, sans doute l’une des plus visitées au monde.

Quarante ans après sa disparition, c’est à travers une œuvre contemporaine que l’une des icônes rock du XX e siècle renaît de ses cendres. L’artiste new-yorkais Tom Burr expose en effet ce week-end à Art Basel, première foire d’art au monde, « Room 4 ». Une « pièce » au sens propre comme au figuré, qui fait référence au numéro de la chambre que le roi lézard occupa deux semaines à l’hôtel de Medicis (désormais Le Petit Paris), peu avant sa mort.

« RAYONNEMENT INTERNATIONAL »

Burr, dont la réputation enfle (avec le soutien de la galerie Bortolami à New York, qui expose notamment Buren) et qui fait partie des 50 artistes majeurs de la section « Unlimited » en Suisse, souligne que l’œuvre » a été conçue comme un mémorial aux mémoriaux ». Si, dit-il, un homme célèbre comme Morrison ne s’y était pas temporairement installé, cette « chambre » serait restée dans l’obscurité. Au même titre que sa stèle funéraire, elle est aujourd’hui encore un lieu de pèlerinage, faisant l’objet de vidéos, d’articles, et de graffitis.

Des murs (de 2,5 m de haut), une fenêtre, la porte de la chambre n°4, une table, une chaise, une armoire, du carrelage pour la salle de bains. Ainsi que des « accessoires » : une poubelle, une bouteille de Jack Daniel’s et son bouchon dont la « position sur le carrelage » a fait débat pour quelques centimètres, lors de l’installation. C’est en fin de semaine dernière que « Room 4 » (« 3 tonnes de métal ») a décollé de la fonderie Huguenin à Vézelise, où elle a été moulée dans le bronze, patinée, pour rejoindre l’expo. « ça nous a pris cinq mois de fabrication », note Joël Huguenin, à la tête de l’établissement depuis 1978, et qui travaille principalement dans le Grand Est et secteur frontalier, « ça nous donne un rayonnement international, avec un artiste qui a une cote énorme ». Pourquoi la galerie Bortolami l’a-t-elle choisi elle, plus portée habituellement vers des créations plus « classiques » ? « Parce qu’on a une grosse capacité de production, notre qualité est reconnue, et qu’on n’est pas très loin de la Suisse ».

Sans compter le travail « déterminant, technique » de tôlerie, de césures que peu de fonderies réalisent en leur sein. Tom Burr est venu « valider » à deux reprises, en mars et en mai, les travaux.

Pas de doute, Jim Morrison – « mort quand j’avais vingt ans », sourit Joël Huguenin, plutôt, lui, fan de Miles Davis – fait encore vibrer la flamme (artistique), suscite toujours le même culte, et fait recette. Un immortel. Ce n’est pas encore la fin, pas encore l’heure de « The end ».

                                                                                                                       Xavier FRERE


« Room 4 », exposée dans le cadre d’« Art Unlimited » à « Art Basel », jusqu’au 17 juin à Bâle.


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